Une soixantaine de personnes ont assisté, dont une trentaine de femmes rurales et d’agriculteurs et éleveurs, les services du ministère de l’agriculture à commencer par la Direction de l’AB qui est venu en force, les instituts techniques notamment l’Institut Technique des Cultures Maraichères, la Chambre nationale d’agriculture, des associations locales, notamment Afoudh, femmes rurales de Bejaia, association de Tazla (Bordj), l’asso APEBeni izguen, association éco-tourisme Oued el Bared, Oxyjeunes Darguina, l’association Torba, et le Club des étudiants de l’Ecole Nationale d’Agronomie.
Cette rencontre a permis de mieux se connaitre, échanger et réfléchir comment non seulement évaluer l’existant, le sauvegarder, le semer mais aussi organiser un petit marché de la semence locale.
La plupart des acteurs ont émis le vœu d’organiser rapidement un petit marché de la semence locale, qui sera contrôlé par les autorités techniques, telles que l’ITCMI pour ce qui est des semences maraichères.
Pour préserver le riche patrimoine algérien en termes de diversité génétique des espèces cultivées et pour le faire connaître auprès des décideurs et du grand public, l’association Torba a pour mission d’alerter l’opinion publique sur le thème de la biodiversité qui est entrain de s’amenuiser comme une peau de chagrin, sous la pression du marché des graines certes « performantes » mais qui induisent une dépendance à vie ainsi qu’une quasi-obligation d’utiliser tout un accompagnement de produits chimiques pour protéger cette graine étrangère qui a du mal à s’adapter à nos conditions pedoclimatiques C’est de cette prise de conscience de la disparition du vivant !
Torba ne peut en aucun cas se substituer au travail de l’INRAA, CNCC ou CNIAAG organismes de protection de la semence, mais en tant qu’association civile, elle a tout un travail de sensibilisation du consommateur en premier et du cultivateur ou eleveur en second, pour promouvoir la semence locale qui est bien mieux adaptée, qui ne nécessite pas d’intrants chimiques et qui a gardé un goût, une saveur que l’on a tendance à oublier de nos jours La préservation de semences paysannes locales est un premier pas primordial vers l’autonomie et la souveraineté alimentaire. La reproduction des semences est une pratique gratuite qui évite aux paysans d’avoir à en racheter chaque année tout en les adaptant d’une année sur l’autre à son terroir. Les semences paysannes locales sont adaptées à leur milieu, elles n’ont pas besoin de traitements chimiques et résistent mieux à la sécheresse que les semences importées, particulièrement les semences hybrides.
Matmoura est un terme en arabe dialectal qui signifie « stock de semences », que les paysans ont toujours gardé d’une année à l’autre.
La 1ère édition avait réuni en 2020 quinze paysans venant de 12 régions d’Algérie (Tizi ouzou, Bejaia, Ghardaia, Setif, Blida, Ain defla, Tipaza, Medea, Tlemcen, Alger) avec qui il travaille pour organiser la première rencontre algérienne autour des semences locales « Matmoura ».
Expérience tunisienne
A l’invitation de l’Association Tunisienne de Permaculture, organisateur de l’évènement, Torba s’est déplacé au Kef dans une perspective d’échange d’expériences et participer à une la fête tunisienne de semences paysannes, qui s’est déroulée les 22 & 23 septembre 2018 dans un cadre organisé dans l’enceinte de l’Ecole Supérieure d’Agriculture du Kef, avec la participation active et engagée des étudiantes (majoritaires) et étudiants de l’établissement.
Participation de 30 paysans à la fête (totalement pris en charge) dont un grand nombre a ramené ses semences locales pour les échanger, vendre ou les offrir ; des stands ont été mis en place à cet effet. D’autres stands ont été installés pour présenter ou vendre des produits du terroir.
Ce nombre de participants a été rendu possible grâce au travail de Rim Mathlouthi –présidente de l’Association Tunisienne de Permaculture et Abdelhamid Amami – co-fondateur de cette même association ; ils ont lancé des caravanes des semences paysannes à travers le territoire tunisien dans le but de recenser les paysans utilisant les semences locales, discuter de la possibilité de créer des maisons de semences et pour l’occasion les inviter à la fête du Kef. A titre de comparaison, l’édition 2017 de la fête organisée à Sousse a reçu seulement 4 agriculteurs.
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L’Association de la Protection de l’Environnement de Beni-isguen (APEB) a participé à travers un stand présentant des affiches et brochures reflétant les activités variées de cette association algérienne très dynamique, partenaire du projet d’appui aux acteurs locaux pour un développement rural durable des oasis du sud algérien, faisant partie du programme PAP-Enpard Algérie.
Torba a participé à la table ronde ayant pour thème « Quelles semences pour l’avenir en Tunisie et au Maghreb, des expériences à partager ». Nous y avons développé l’idée d’introduction de la semence locale/paysanne à travers le circuit court pour les producteurs utilisant les semences F1 et les paysans candidats à ce type d’association de producteurs-consommateurs ;
Le représentant tunisien a abordé le sujet en axant les efforts vers l’identification des paysans utilisant la semence locale (à travers l’organisation de caravanes sillonnant le pays) pour les organiser en groupes à un niveau local pour le partage, l’échange ou la vente/achat de ces semences à travers une maison de la semence qui sera installée chez un paysan volontaire et apte.
Les formations requises, le support et suivi technique pour l’inventaire, le conditionnement et la gestion de semences ainsi que la conception et construction de maisons de semences en matériaux locaux seront assurés par l’Association Tunisienne de Permaculture. L’expérience libanaise présentée par l’Association Graines & Cinéma est intéressante de par le travail immense accompli pour la préservation et la multiplication des semences locales ; elle a pu mettre en place un marché de semences locales destinées même aux demandeurs en dehors du Liban, en plus d’un marché de légumes provenant de sa ferme agroécologique ; aussi, un catalogue a été édité à cet effet.
Présence Algérienne à la Fête des Semences Paysannes
Il est utile de noter une présence d’associations et groupes algériens venus participer à travers des conférences et débats. Parmi elles citons la Conférence sur le pistachier de l’Atlas par Hanane Degag de l’université de Mascara – Association pour la Sauvegarde du Pistachier de l’Atlas. La présence de l’Association pour la Protection de l’Environnement de Beni-Isguen, l’Association Verte de Mascara et l’Association de protection de l’environnement & écologie de Constantine
Présentation de Films Documentaires
Durant les deux journées de fête, deux films documentaires thématiques sur l’agroécologie ont été projetés :
– ‘La Révolution est là’ (Mirada Production), en présence de Teycir Ben Nasser, paysan et personnage principal du film.
– ‘L’Agroécologie dans l’Oasis de Chenini’, en présence des réalisatrices Sonia Ben Messaoud et Laeticia Maartin – Production EchoVia.
Organisation d’Ateliers
Durant les deux jours de fête, 4 ateliers ont été organisés au profit et avec la participation des invités :
– Atelier Compost
– Atelier Apiculture
– Atelier Extraction d’Huiles Essentielles
– Atelier Fabrication de Bijoux (par l’Association des Amis du Belvédère)
Torba tient à féliciter la parfaite organisation de l’évènement par l’Association Tunisienne de Permaculture sur le contenu, programmation, logistique, prise en charge des participants.
Mohamed Achour – Collectif Torba